BASIL ALKAZZI- NEW SEASONS...

BY MAX WYKES-JOYCE

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UNE NOUVELLE SAISON….

Pour quelqu’un qui croit aux signes et aux prodiges, une croyance que je partage avec l’artiste, le début de cet essai n’aurait pas pu être plus propice. J’habite dans la campagne Anglaise, à peu près à cent milles de Londres, où se trouve le Studio de Basil Alkazzi. J’avais passé une bonne partie de la journée dans ce Studio, discutant de l’œuvre qui est envisagée ici, avec le peintre. Un symbole qui est récurrent dans une grande partie de son œuvre est le double triangle –le Sceau de Salomon : un triangle avec sa base vers le bas et la pointe se dirigeant vers le ciel, représentant une métaphore pour l’être physique relié à la terre, mais aspirant à la perfection, l’autre exactement à l’inverse, une métaphore pour l’Esprit, sa base dans le ciel, la pointe vers le bas, nourrissant l’être physique. Avant les tableaux dans ce Studio, j’avais dit à Basil Alkazzi que je n’avais jamais physiquement vu une telle conjonction.

Dans le train de retour à la campagne, j’ai examiné le ciel comme je le fais toujours, ayant acquis cette habitude quand j’étais, il y a longtemps, un navigateur aérien. En approchant d’Oxford, la campagne étalée tout autour, j’ai vu un phénomène que je n’avais jamais vu auparavant. Sur l’horizon, dans le crépuscule croissant et un échafaudage de nuages orageux, un grand triangle de lumière blanche, sa base apparemment sur le sol, pointant vers le ciel ; et juste superposé aux points opposés, un triangle à l’envers de la même lumière blanche, s’ouvrant vers le ciel comme s’il était attiré là haut par un maître géomètre. Pendant toutes mes années d’observation du ciel, je n’avais jamais vu une telle formation. Je n’étais pas non plus seul dans ma surprise. Un autre passager, une jeune femme, attira l’attention de se mère sur le phénomène. Quand je suis rentré à la maison, j’ai écrit à Basil pour lui parler de l’événement. Il était ravi, mais en aucun cas surpris.

Les triangles symboliques apparaissent fréquemment dans les tableaux envisagés ici ; mais avant de les regarder plus en détail, il faut dire qu’ils occupent une place particulière dans l’œuvre de Basil Alkazzi. En 1989, fatigué d’une longue séquence d’expositions, par ailleurs, très réussies aux Etats–Unis, il a acheté un nouveau Studio à Londres, haut placé, avec une bonne lumière du Nord, rien à voir de là haut, à part le sommet des arbres, les nuages de passage et les oiseaux en plein vol. Là, laissé en paix par les délais de ses expositions, l’approbation ou la désapprobation du public, ou l’avis d’amis bien pensants, il a produit les quatre-vingts images qui sont le sujet de cette monographie. Les tableaux, qui, sans erreurs possibles, sont la création d’un esprit et d’un œil très individuels et d’une main habile, peuvent être considérés au mieux, à mon avis, comme des rêves ou des visions, des expressions de la Perfection Spirituelle. Ces expressions sont interprétées par l’artiste, de plus en plus, par une conjonction de richesse de formes et de symboles.

Au centre de nombreuses images se trouve ce que je peux décrire au mieux comme un élément architectural – une esquisse d’un passage de porte ou d’immeuble au-delà duquel on distingue des planètes en mouvement, des émanations spirituelles, des âmes et des amoureux en plein bonheur, l’élément « architectural » suggérant moins le bâtiment classique et solide que l’aplat d’un décor de théâtre. Tel que je le comprends, l’architectonique n’est rien de plus qu’un voile pour suggérer le passage du temps, de l’avant à l’arrière plan de la peinture individuelle.

Dans ce mouvement d’avant en arrière, Basil Alkazzi offre un parallèle artistique à la célèbre cours dans la série Delft et le genre d’intérieurs de Pieter de Hooch (1629-c.1683) où l’artiste conduit le regard de l’observateur vers l’intérieur, à travers un passage de porte ou un couloir, en mettant l’accent sur une carte pendue au mur ou un portrait précoce ; dans la cours ou le jardin, le long d’un couloir ou par une porte vers un détail de l’architecture précédente, dans chaque cas, suggérant un passage du temps dans une image unique – un truc dont on peut dire qu’il a été inventé par Rembrandt et continué par Vermeer. Dans le cas de Basil Alkazzi, cette projection est, quelquefois, du présent (avant) vers l’avenir (derrière), dans d’autres exemples, l’inverse peut être vrai, selon le contexte des autres composantes.

Parmi ces composantes, trois d’entre elles reviennent fréquemment – une arche en mouvement de lunes ou de planètes ; des esprits ou des âmes s’avançant vers, ou nageant déjà, dans le bonheur ; et une arche symbolique en conjonction avec un bloc ancré dans la terre. Bien entendu, les planètes, dans leur passage à travers l’espace de l’image, étaient là, à l’origine, pour suggérer un mouvement du temps. Mais, elles ont changé maintenant dans le symbolisme de l’art du peintre. Il n’y en a plus sept, mais quelquefois simplement une ou deux, présidant, pour ainsi dire, l’ensemble de l’image.

Le sentiment émanant de certains de ces tableaux est celui prononcé par le Philosophe du dix septième siècle, Thomas Vaughan : « Regarde alors vers le Ciel, et là où tu vois les Feux Célestes se déplacer autours de leur Cercles Glorieux, pense également qu’ils se trouvent aussi ici, au-dessous des Natures Froides qu’ils observent, et autour desquelles ils se déplacent incessamment pour les réchauffer ».

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Il est extrêmement difficile de décrire par des mots facilement compréhensibles une expérience métaphysique ou spirituelle. Tel est le cas pourtant, d’après ce que je crois, de chacune des images de Basil Alkazzi, elles ‘illuminent’ les visions spirituelles. Certains êtres, parmi lesquels j’inclurais l’artiste, sont plus clairement conscients des présences spirituelles. Henry Vaughan, poète métaphysique, trouvait qu’il n’était nullement étrange de commencer un poème sur « Le Monde » par l’affirmation : « J’ai vu l’Eternité l’autre soir comme un grand anneau de lumière pure et ans fin, aussi calme qu’elle était brillante ».

Je considère que le peintre a moins de difficultés que le poète pour donner forme à des entités spirituelles. En effet, comme le mathématicien, il peut créer un monde de symboles, sans les sourdes significations du langage que l’on trouve dans le dictionnaire. D’une façon générale, Basil Alkazzi crée des esprits plein d’aspirations et des âmes qui prennent quatre formes, quelquefois, il y en une seule dans une seule image, quelquefois il y a une conjonction de deux ou trois de ces formes. .Il y a ce que j’appelle le Fil de la Vie, une entité se déplaçant vers le haut en ondulatoire ; des êtres à queue comme des comètes, volant comme des feux d’artifices géants à travers l’espace de l’image ; les êtres qui ont atteint l’apogée du bonheur, qui flottent seuls ou en groupes, près du haut de l’espace, comme des champs de graines mûres sur la tige ; ceux qui attendent de monter, regroupés près du bas de l’image, comme des embryons.

La troisième image récurrente dans l’œuvre récente est une image que l’on peut bien décrire comme un bloc attaché à la terre ou des blocs conjonctifs avec une arche montante. Dans un grand tableau (Métamorphose I-1992), le bloc attaché à la terre est soumis à un triangle plein d’aspiration au-dessous de l’arche, alors qu’un deuxième bloc flotte tout en haut de l’image. La couleur prédominante de la plupart des œuvres de 1989 jusqu’à la fin 1991 est le bleu, dans l’esthétique de Basil Alkazzi, la couleur de l’Univers ; bien que le bleu possède également un autre mérite, comme l’a observé Henri Matisse dans son traité sur sa Chapelle du Rosaire : « Des couleurs simples peuvent agir sur nos sentiments intérieurs avec d’autant plus de force qu’elle sont simples. Le bleu, par exemple, accompagné du miroitement de ses complémentaires, travaille sur nos sentiments comme le coup brutal et soudain d’un gong ». Cette observation est particulièrement vraie au sujet des gouaches, la série du Whispering Silence [Silence Murmurant], plus de quatre fois plus grande que les tableaux habituels.

A ce moment là, il y a eu un changement de direction pour s’éloigner de la peinture non-objective, bien que toujours symbolique, vers le groupe extraordinaire de figurations sur le thème du Dernier Souper. En choisissant ce thème, Basil Alkazzi s’est aligné sur une tradition qui se perpétue dans la peinture Occidentale depuis le quatorzième Siècle jusqu’à aujourd’hui, de Fra Angelico jusqu’à Stanley Spencer. Avec habileté, il a évité des comparaisons fastidieuses avec les peintures du passé et avec l’imagerie historique par le portrait des mains des participants, Jésus de Nazareth et ses disciples, et la coupe de vin rituelle qui circulait à la table du Souper.

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Vus avec du recul, ils pourraient bien être décrits comme formant un groupe très étrange, comprenant parmi eux quatre pêcheurs – deux pacifiques et deux d’une conviction tellement véhémente qu’ils ont été surnommés les Fils du Tonnerre ; un charpentier, un inspecteur des impôts ; un noble ; et un militant détaché et déçu. Chacun est représenté et révélé dans Le Dernier Souper de Basil Alkazzi par rien de plus qu’une paire de mains en conjonction avec le gobelet de vin, lui-même passant à l’histoire médiévale et à l’histoire rituelle, comme le Saint Graal.

Les couleurs prédominantes de la séquence du Souper sont les teintes de chair dorée appartenant aux mains et l’or de la coupe de vin sur un fond bleu nuit et un premier plan noir comme du jais .C’est peut-être l’or du Graal qui a conduit l’artiste au début de cette année 1993 à produire plusieurs tableaux métamorphiques. Presque d’un or jaune monochrome, ils incorporent certains des éléments antérieurs – les planètes, les formes ressemblant à des comètes en pleine ascension ; mais avant eux, les sentiments produits par leur présence sont différents. Je les soupçonne d’être un nouveau commencement.

C’est le don de l’artiste, un des plus rares, de nous rendre capables de voir vraiment ce que nous regardons. Basil Alkazzi possède ce don, encore plus dans les récents tableaux qui annoncent une nouvelle phase dans son évolution.

Max Wykes-Joyce Printemps 1993

...WITHIN THE DREAMS...

BY BASIL ALKAZZI

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Une balle est lancée, et la forme ronde roule à travers le champs vert et doré. Une fois que la balle est en mouvement, elle roule. Une fois que la balle est mise en mouvement, au bout d’un moment, par l’esprit humain, ou le Destin, il n’y a rien qui puisse l’arrêter, jusqu’à ce qu’elle ait accompli le voyage prévu pour elle.

Les feuilles mouillées de l’arbre géant chatoient dans la lumière du soleil couchant comme si elles étaient ornées de mille flammes de bougies. Une balle est lancée, en avant et en arrière, en avant et en arrière. Le soleil couchant descend encore plus bas, et il est maintenant masqué par des nuages, et puis soudain toutes les flammes de bougies semblent avoir été soufflées, mais comme le vent siffle, et lesnuages s’éloignent, elles s’allument de nouveau.

Une fois de plus j’ai dû plonger à l’intérieur de moi, comme je le fais de temps en temps , pour savoir ce que le moi intérieur, l’Ame, cherchait, désirait, nécessitait, pour savoir ce qui lui manquait et comment les besoins du moi intérieur pouvaient être satisfaits.

On ne peut pas toujours voir une flamme à l’intérieur d’une autre flamme, une lumière à l’intérieur d’une autre lumière. La lumière générale doit être plus tamisée, plus sombre avant de pouvoir apercevoir cette toute petite flamme vaciller…

Il fallait une fois de plus que je prenne la responsabilité de mes pensées. Elles devaient être passées au tamis, nettoyées des débris qui avaient été projetés là, ou bien on avait son moi placé là. J’avais suivi des modèles, marché le long de voies qui ne me plaisaient pas, et je voulais m’en aller. Dans le processus du nettoyage, on regardait les valeurs, et les valeurs de ceux avec qui on était associé. Dans le processus du tamisage, on suivait le rituel qui consistait à les effacer des voies de notre vie.

1988 a été une année douloureuse mais révélatrice. On s’est rendu compte de la laide corruption de ceux qui prétendent travailler pour moi et promouvoir mon œuvre, un outil qu’ils utilisent pour se promouvoir eux- mêmes. Le caractère vindicatif vicieux de ceux dont on s’est écarté était pathétique à voir. La loi du Karma étant ce qu’elle est, on ne peut pas changer quelqu’un, ils ont reçu leur juste récompense. Pour chaque son, il y a un écho. Pour chaque mauvaise action, il y a un ricochet, une rétribution.

Des modèles fixes sont tatoués sur nos paumes. Cependant, rien ne vit pour toujours sur cette planète, et rien ne meurt, il y a seulement un passage, d’une forme à une autre, d’une sphère à l’autre. Les modèles peuvent être déformés, les tatouages peuvent être cicatrisés, ou mutilés.

Je n’allais pas construire mon corps sur les cendres de mon Ame.

L’Ame confinée dans le corps cherche le soulagement et l’harmonie pour le corps lui-même, de façon à ce que l’Ame puisse aller plus haut.

L’Hiver 1988 et le Printemps suivant à New York sont devenus des tournants à plusieurs niveaux. Reconnaissant mon propre moi, et ma créativité, j’ai retrouvé l’accès à ces deux éléments, rejetant les nombreux éléments supplémentaires, afin de poursuivre sans les éléments extérieurs tels que les expositions, si l’on pouvait s’en passer, et clairement, j’ai eu la grande chance de pouvoir m’en passer ; ainsi, j’ai concentré mon énergie sur des aspects purement créatifs. On regarde dans des pièces que l’on a déjà regardées, des pièces de corps et d’âmes. On regarde des pièces qui vous séduisent, bien qu’on ait déjà regardé dans ces pièces auparavant, recherchant la chaleur, recherchant le confort, recherchant le succès, et la renommée. On rentre et on sort. Ce n’est qu’en en ressortant, après y être entré, que l’on réalise que c’étaient des pièces froides et vides et stériles.

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Brusquement, je me retrouve sans passé, j’avais seulement un présent et un futur. Le passé n’est rien de plus que des souvenirs. On ne peut pas passer de souvenirs passés vers le futur. Le futur, c’est les espoirs, les aspirations et les rêves.

Dans une durée de vie, il y a de nombreuses morts, et dans une mort, il y a une renaissance dans une sphère physique, émotionnelle, psychique, spirituelle, matérielle, et artistique.

M’étant libéré, j’ai permis à l’inconscient de surnager, en cajolant le conscient le plus élevé pour qu’il émerge, ce qui est alors devenu fondamental et singulier puisque cela se manifestait à partir d’une entité individuelle, mais Universelle parce que le thème qui est l’Ame est ainsi, et on pourrait alors l’appeler une étreinte Spirituelle. J’ai été emporté, l’esprit a été emporté, la force de l’Esprit a été emportée dans un royaume qui est évidemment l’au-delà, avec ses nombreuses latitudes. Un espace intérieur faisant miroir à un espace extérieur ; reflétant l’extérieur à l’intérieur de l’Ame d’un corps Terrestre, mais où l’esprit a trouvé la liberté, s’est échappé, comme dans un rêve, et où les rêves ne sont plus que des moments de vérité surprenante. Ceux-ci étaient des mûrissements raffinés et profondément vécus qui ont trouvé leur expression non pas tant dans les mots, mais plutôt dans les images, transposant les formes translucides et les images, repérées et expérimentées avec de la peinture sur de la toile ou du papier.

Une fois arrivé là, je ne pouvais plus me détourner de ces images de l’oeil de l’esprit d’une telle puissance et allégorie et profondeur, sans transvaser une partie de ce souvenir sur de la toile ou du papier. Je ne pouvais pas non plus, et ne l’ai pas fait, me détourner sans avoir le sentiment qu’il y avait eu un Eveil Spirituel, et une vision de l’être, qui n’était en soi qu’une minuscule molécule dans l’immensité de l’espace Universel et du temps avec ses nombreuses latitudes.

Penser, croire et préconiser que la nôtre est la seule intelligence sur cette planète Terre, dans ce vaste Univers, est une arrogante vanité. Il y a d’autres intelligences, il y a une puissance plus grande que la nôtre, et c’est à travers elles et cette puissance, que nous apprenons ce que nous apprenons, confiné comme nous le sommes dans un corps physique. On est censé cajoler et enseigner à cette Ame dans le corps, et au corps lui-même, comment vivre avec ce moi supérieur, son propre moi supérieur, une conscience supérieure, que l’on peut voir, et reconnaître, et connaître, et accepter, mais qui ne peut être touchée et enlacée que par la puissance de l’Esprit, qui est dans le cerveau, et dans le cœur, celui qui est dans l’Ame, parce que l’Ame elle-même est une entité éternelle, qui peut croître. Elle prend des formes différentes de temps en temps ; elle est obligée de prendre différentes formes de temps en temps. Un espace-temps autre que linéaire, et linéair de temps en temps ; et c’est ce lien, de cette croissance, que se préoccupe le moi. Autrement, l’Ame devient difforme.

Une perfection de la Spiritualité est recherchée par l’image du Sceau ; l’image du Sceau étant l’image de la perfection de la Spiritualité. Où le corps de l’esprit avec toute la connaissance, l’amour, et la foi de ce niveau, vit en totale et parfaite harmonie avec l’entité Spirituelle, Universelle des moments éternels, avec toute la connaissance, la sagesse l’amour et la foi de ce niveau.

Des molécules de force de vie se cherchent et se rassemblent en forme d’arche, ouvrant des portes pour les initiés. On ne s’arrange pas pour arriver à la créativité, mais on laisse la créativité s’exprimer. La compulsion « semble » très souvent se répéter, afin de parfaire l’image dans l’œil de son esprit, sur la surface de la Terre, ou la toile, et le papier.

Un peintre s’exprime avec des images, tout comme un écrivain utilise des mots, mais un écrivain ne se voit jamais demander par la suite de peindre une image pour mieux exprimer ce qu’il a écrit, pourquoi alors demande-t-on à un peintre d’exprimer par des mots ce qu’il a peint ? Si des mots sont nécessaires pour exprimer un tableau, soit l’artiste n’a pas réussi à s’exprimer, soit le spectateur n’a pas réussi à être empathique, en ne permettant pas aux images de pénétrer dans cette région de la pensée et du sentiment où les mots ne sont plus nécessaires.

Les titres sont utilisés comme des guides, cela et rien de plus. De même, des noms sont donnés à chaque être, cela et rien de plus. Chaque être « peint » alors son image de son soi intérieur, qui ne nécessite aucun mot pour exprimer cette vision intérieure.

Un artiste avec toutes ses complexités peint pour lui même, et pas pour quelqu’un d’autre. Un artiste se révèle , ses pensées, à travers son œuvre, à et pour lui- même , et puis d’autres , peut-être, découvrent et voient cette auto-découverte, cette auto-révélation sous forme de matière.

Des formes, des contours, des lignes – le modèle réel des pierres, fabriqués à partir de mouvement, et donc de direction, sont utilisés pour conduire l’œil vers l’âme du tableau. C’est alors que l’âme de cette image créée murmure et parle à l’esprit inconscient du créateur et du spectateur, et c’est ce souvenir perdu que l’on redécouvre, en soi et pour soi.

En tant qu’artiste, je choisi, comme beaucoup d’autres avant moi, comme beaucoup d’êtres, de marcher le long de mon propre chemin, un chemin avec une destination, un qui maintenant ébloui les perceptions de l’œil de l’esprit ; les images de cet esprit ne sont pas encore catégorisées. Mais est-ce qu’elles ont besoin de l’être ? Les étiquettes en tant que telles catégorisent, et ce faisant, confinent, restreignent, lient une force créatrice tellement pleine d’énergie et de lumière…Une attitude et une perspective injustes pour ceux qui sont en dehors du flot de la créativité.

On construit des maisons sur des tombes et des cimetières, et des cimetières de champs de bataille, et des cimetières de forces naturelles. Des villes sur des villes, où leurs formes préalables coexistent encore avec leurs formes actuelles. Une vie passée coexiste avec la vie présente, tout comme l’enfance coexiste avec l’âge adulte. Un moment du passé vit encore « en souvenir » dans un moment du présent.

Différents éléments du temps, différentes sphères de lune, coexistent les uns avec les autres, et peuvent être aperçus au même moment, dans la mémoire, dans la pensée, dans les rêves, dans la réalité.

Une idée, une pensée, dérivent sur un plan, et l’esprit réceptif les attrapent. La bulle de départ est alors absorbée, tout comme le sable dans un sablier, mais à cette jonction il est renversé ,et la pensée dans la bulle dérive à nouveau sur sa propre sphère, pour se faire attraper par un autre esprit en pleine recherche.

Saisir le moment de la créativité, c’est rechercher la bulle, et en la trouvant, on trouve alors également ce moment passé.

Un reflet a autant de substance que l’original.

On se relie au passé comme on se relie à un souvenir. Cela et rien de plus, mais à un souvenir dont il faut tirer la leçon. C’est un moment qui est parti. Ce n’est pas un moment que l’on a transporté avec soi jusqu’au présent, mais une cicatrice que l’on peut avoir dans sa chair, depuis l’enfance .C’est un souvenir qui est parti.

On ne peut pas comparer sa vie, ou ses réalisations avec celles des autres. Il n’y a jamais de comparaison. Personne ne peut non plus, dans une profession donnée, se comparer et entrer en compétition avec l’autre. Chaque âme, et chaque corps a ses propres limitations dans des voyages sans limites.

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Même un groupe de fleurs sur la même tige, une famille, une unité, ne s’épanouissent pas à l’unisson. Chaque fleur éclos à son tour, dans sa propre orbite, et dans chaque tige de ce groupe, il y a des fleurs qui s’épanouissent et il y en a d’autres qui sont mort-nées. Pour chaque fleur qui éclos, il y a son moment. C’est ainsi qu’est la Nature. C’est la loi du monde de l’Esprit, et de la Nature, et donc c’est la même chose pour les êtres Terrestres.

Mais ceci, ici, est le Monde de l’Esprit. Il n’y a qu’un grand nombre d’entre nous qui vivons maintenant sous une forme physique, pour l’évolution et le développement de l’Ame. Nous sommes revenus sur la Terre pour vivre dans le monde de l’Esprit sous une forme Terrestre, pour trouver un équilibre, pour trouver une harmonie, de telle sorte que la personne Terrestre, appelée l’Humanité, appelée l’Être Humain, après des milliers d’années, apprendra enfin à vivre, en harmonie avec elle même, et donc avec les autres personnes Terrestres. Chaque Ame. Chaque personne Terrestre. Alors, j’espère, le miracle aura lieu et pourra prendre place.

Plus tôt, en 1985 après ma première visite aux Etats- Unis, je suis tombé amoureux de l’ « Amérique ». Les Américains peuvent vivre et penser et aspirer à quelque chose collectivement, comme seuls peuvent en rêver les individus en dehors de cette démocratie défectueuse. C’est le rêve en Amérique qui fait de l’ « Amérique » le rêve Utopique.

Aucune nation, et aucun peuple n’est parfait, et la beauté de l’Amérique est qu’elle connaît et accepte \cette imperfection, et lutte, aujourd’hui, comme par le passé, pour s’élever au dessus d’elle. Individuellement on essaye d’imiter ce rêve. Je l’ai fait.

Les oiseaux peuvent s’élever et voler, mais l’homme, par son corps, est lié à la Terre. Une fois que l’esprit est libéré, la création et la séparation du haut du triangle, alors on peut s’élever au-delà des limitations de son corps. Être libre comme cette merveilleuse, brillante Ame ; bleue, dorée, blanche et dériver, flotter, expérimenter.

On vole comme un cerf-volant, on envoie un rêve. Comment veut-on qu’un rêve se réalise s’il n’y a pas de rêve ?

A la fin du Printemps 1989, j’ai avancé comme une bébé tortue ; avec la même crainte que la tortue nouvellement sortie de son œuf, allant vers l’avant, sur le sable mouillé, et partant nager , pour la première fois de sa vie, toute seule. Eclore tout seul, et rester encore seul, le cœur battant, avançant. Sachant peut-être instinctivement qu’il y en d’autres aussi qui avancent, mais avançant quand même tout seul, vers une mer, un vaste océan inconnu. C’est comme ça que j’ai sauté vers cette sphère inconnue.

Chaque être, chaque Ame, a sa propre évolution. On ne peut pas rendre obligatoire une évolution, ni l’accélérer, ou la ralentir, pour un autre être, ce n’est pas naturel pour cet être, pour cette Ame.

Il arrive un moment, chez beaucoup de personnes, où l’on ressent ce sentiment curieux d’avoir quelque chose en soi qui désire germer, naître. Mais il faut attendre, l’esprit doit rester immobile, et attendre que le nouveau rêve prenne forme.

Un changement de direction n’est pas une défaite, un changement de direction est également une évolution, une ascension, et avec chaque changement, on doit saisir ce moment.

En suivant cet œil intérieur, cette voie intérieure, en permettant à l’Ame de se déplacer dans ce nouveau voyage vers moi, et pour lequel on doit se préparer, simplement pour être prêt. Et se préparer pour le moment on l’on est prêt.

Même un arbre apparemment mort, quelquefois, maintient une branche ou deux qui est encore en vie. Quelque chose dans les racines leur permet de vivre, les oriente vers le ciel et donne de l’ombre.

Des situations de Karma viennent et repartent, traversant notre chemin. Quelquefois , on y donne une substance plus importante qu’elles n’en ont vraiment, et on essaye d’étendre cette re-visitation, réunion, à ce niveau, bien plus longtemps que prévu ou que nécessaire.

Quelquefois il faut aller à un certain endroit, pas pour ouvrir une porte, mais pour en fermer une qui était restée ouverte ou entrouverte.

Nous recherchons le succès « commercial », avec sa gloire matérielle, mais ce type de succès vous rend plus solitaire. Ce type de succès ne devrait pas être obtenu à un certain prix, parce que cela infligerait un coût énorme à soi-même et à sa créativité. On ne doit pas construire un corps sur les cendres d’une Ame.

Le succès, c’est faire ce que l’on doit faire et ce que l’on veut faire, au mieux de ses capacités, cela et rien de plus. C’est écouter les applaudissements à l’intérieur…

Ce n’est après tout, pas un voyage que l’on fait de ce monde vers l’autre, ce serait bien trop grandiose, mais un voyage de l’autre monde vers celui-ci. Un voyage d’apprentissage, un voyage au cours duquel on donne, un voyage éducatif, pour compléter et élargir l’expérience de la force de vie de l’autre coté, à son retour. Pour compléter et être en harmonie.

On regarde un oiseau prendre son essor dans le ciel, avec de profonds regrets, car cela résume l’Ame, libre, détachée de la Terre, une Ame avant la naissance. Cette image de l’oiseau en plein essor est un souvenir, de son Ame, avant la naissance sur la Terre. C’est un souvenir vers lequel on doit revenir…

Basil Alkazzi Printemps 1993
Traduit par : Diane Bourély-Médecin.

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MAX WYKES-JOYCE

Max Wykes-Joyce est l’un des critiques d’art les plus éminents de Grande Bretagne. Il est membre de l’International Association of Art Critics, et a reçu la « Golden Award » de l’Accademia Italia delle Arti con Medaglia d’òro dont il a été fait membre.

Il a été l’éminent Critique d’Art de Londres pour l’International Herald Tribune pendant deux décennies, de 1967 à 1987.

Par la suite, il a écrit régulièrement pour the Fine Arts Correspondant, Antique Dealer & Collection Guide, et était souvent invité à contribuer à des journaux et magazines au Japon, en France, en Italie, et en Espagne. Il est également l’auteur de plusieurs livres sur l’art.

Il est né dans le Worcestershire en 1924, et a été éduqué à Londres à the London School of Economics, au Anglo-French Art Center, et au Goldsmiths College School of Art. Pendant la deuxième guerre mondiale, il a servi courageusement dans la Royal Air Force.

Il habite maintenant dans le Worcestershire et travaille actuellement sur un livre.